Les labels Bio rencontrés en cosmétique

Dans mon tout premier article je vous expliquais à quel point les cosmétiques conventionnels pratiquent le greenwashing, c’est-à-dire se présentent comme produits naturels alors qu’ils ne le sont absolument pas – pire encore, ils s’avèrent nocifs. Oui, on peut dire que je me suis bien fait piéger dans cette jungle du cosmétique – mais ça c’est terminé ! Cette mésaventure m’a juste permis de camper d’autant plus sur mes positions : je veux des produits naturels et respectueux et c’est tout. Ne voulant plus prendre de risques, je me suis intéressée de très près aux cosmétiques bio.

Un produit naturel est le plus souvent labellisé bio. Cela ne signifie pas pour autant que le produit cosmétique conventionnel, c’est-à-dire non labellisé, ne le soit pas – je vous l’avais bien démontré avec le bon et le mauvais du Le Petit Olivier – simplement cela demande beaucoup plus d’investissement dans la décortication de la liste INCI. Grâce au label bio, beaucoup d’ingrédients nocifs sont exclus : paraben, phénoxyéthanol, colorant de synthèse, parfum de synthèse, silicone, PEG, dérivés pétrochimiques, OGM… Il s’agit donc d’un premier gage de qualité. Seulement les labels bio sont nombreux et les cahiers des charges, qui définissent les règles de fabrication des produits, sont très différents. Petit aperçu des 5 labels les plus fréquemment rencontrés dans la cosmétique bio :

  • Ecocert :

Organisme de contrôle et de certification indépendant fondé en 1991. La charte Ecocert est agréée par le Ministère de l’Agriculture et de la Pêche, ainsi que par le Ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Ci-dessous les avantages offerts par ce label.

  • Cosmébio :

« Association professionnelle de la cosmétique naturelle, écologique et biologique. L’association fédère l’ensemble des acteurs de la filière et regroupe près de 400 adhérents en France et à l’international. Depuis 2002, Cosmébio œuvre en faveur du développement d’une cosmétique naturelle et écologique basée sur des produits issus de l’agriculture biologique et de la chimie verte ». Être labellisé Cosmébio signifie être fabriqué par une entreprise membre de l’association et être contrôlé par Ecocert ou Qualité France qui sont les seuls organismes certificateurs indépendants et agrées par la charte du label. On distingue deux labels Cosmébio : le label BIO et le label ECO.

Afin de comprendre plus facilement ce que représente la proportion des pourcentages naturels et biologiques garantis par ce label, regardez ces illustrations :

Ce qu’il faut savoir : En apprenant que l’organisme qui contrôle Cosmébio est Ecocert cela lie étroitement ces deux labels. De ce fait, ils reposent sur le même cahier des charges donc rencontrent les mêmes limites :

– La principale limite de ces labels est donc propre au cahier des charges qui exige qu’au moins 95% du produit soit d’origine naturelle : l’expression « d’origine naturelle » ne différencie pas les matières premières naturelles des produits modifiés chimiquement (par exemple il existe la pierre d’alun naturelle et la pierre d’alun synthétique mais le cahier des charges Ecocert ne relèvera pas cette distinction).

– Grâce aux schémas on se rend facilement compte qu’il y a une tolérance de 5 % d’ingrédients de synthèse, ce qui a pour effet d’autoriser ces 6 conservateurs : l’Acide Benzoïque, l’Acide Sorbique, l’Acide Salicylique, l’Alcool Benzylique, l’Acide Propionique et l’Acide Formique.

– Un produit cosmétique peut être labellisé bio avec seulement 10 % d’ingrédients issus de l’agriculture biologique… Si on calcule que dans une crème hydratante 70 à 90% du contenu c’est de l’eau, il n’en faut pas beaucoup pour qu’un produit soit certifié biologique ! Toutefois, le pourcentage bio réel doit être clairement indiqué sur l’emballage.

– Des tensioactifs chimiques comme le Cocamidopropyl Betaine et le l’Ammonium Lauryl Sulfate sont autorisés.

– Les tests sur les animaux sont interdits sur le produit fini.

Même si les labels Ecocert et Cosmébio offrent la garantie que les composants sont plus contrôlés et que les tensioactifs chimiques qui y sont autorisés sont plus « doux » que ceux proposés dans la cosmétique conventionnelle (Sodium Laureth Sulfate, pour ne citer que lui !), on peut leur reprocher de noyer l’information sous des pourcentages « prometteurs » afin d’accepter des produits « bio » qui ne le sont que très peu en réalité, en raison de leur cahier des charges qui est l’un des moins exigeants. Attention, cela signifie surtout que divers produits sont regroupés sous ces labels : les très bons, parfaitement naturels, comme les mauvais, utilisant seulement le minimum toléré par le cahier des charges. A vous de faire votre travail de recherche : liste INCI me voilà ! Les produits portant ces labels sont disponibles autant en grandes surfaces que pharmacies et magasins bio.

  • BDIH :

Association allemande de fabricants de médicaments, compléments alimentaires et cosmétiques créée en 1951. En 2001, ses membres établissent une directive « cosmétiques naturels contrôlés » qui énumère une liste précise des ingrédients autorisés dont certains doivent être obligatoirement bio. Cette liste contient 690 composants sur les 20 000 répertoriés. Un seul écart exclut la certification du produit. Une marque doit justifier au préalable que 60% des ses produits sont conformes au cahier des charges BDIH avant que le premier puisse porter ce label. La liste de ces marques se trouve ici. Les produits sont contrôlés par un institut de contrôle indépendant, l’IMO.

Un label dont le cahier des charges est encore plus complet. En effet, contrairement à Ecocert et Cosmébio, il n’autorise pas l’Ammonium Lauryl Sulfate comme tensioactif et impose une réglementation dans l’utilisation des huiles estérifiées (huiles végétales raffinées et peu chères qui ont perdu une grande partie de leurs vertus, à l’inverse des huiles végétales naturelles – pour ceux qui souhaitent plus d’info c’est ici). Le label BDIH limite le taux d’huiles estérifiées à 10% du produit fini, et surtout à 50% dans la phase huileuse. A l’inverse, il impose 50% de véritables huiles végétales dans le produit. L’huile estérifiée est l’exemple parfait de l’ingrédient « d’origine naturelle » qui n’est rien d’autre qu’un « faux naturel ». Dans la liste INCI vous les retrouverez sous les dénominations suivantes : Caprylic Capric Triglyceride, Coco Caprylate Caprate, Decyl Oleate, Dicaprylyl Ether, Isopropyl Palmitate, Octyldodecanol, Oleyl Erucate, Oleyl Linoleate.

« Concernant les huiles végétales utilisées dans les cosmétiques, le label BDIH apporte donc plus de garanties de qualité. Il ne faut pas pour autant en déduire qu’une crème BDIH est forcément de meilleure qualité qu’une crème Cosmébio. En effet, de nombreuses marques certifiées par Cosmébio utilisent des huiles végétales de grande qualité (Phyt’s, Dermaclay, Florame par exemple). En revanche, tous les produits Cosmébio vendus en grande distribution que nous avons étudiés utilisent essentiellement des huiles estérifiées ». Source sobio.fr

Ce qu’il faut savoir :

– Le cahier des charges BDIH autorise 4 conservateurs de synthèse qui sont l’Acide Benzoïque, l’Acide Salicylique, l’Acide Sorbique et l’Alcool Benzylique mais leurs procédés d’extraction sont très bien définis et encadrés.

– D’autre part, il n’y a pas de pourcentage obligatoire minimum d’ingrédients biologiques dans la composition d’un produit – il faut contrôler soi-même.

Le label BDIH élimine donc une plus grande catégorie de produits « pas assez naturels » grâce à un cahier des charges plus strict. Vous trouverez les produits portant ce label en magasin bio principalement et pharmacies.

  • NaTrue :

Association internationale à but non lucratif créée en 2008. Il a été crée dans l’espoir de représenter la cosmétique naturelle d’une seule voix, à travers un label fiable et reconnu à l’international. La particularité de ce label est non pas de garantir un produit bio mais un produit naturel et de grande qualité. En effet, seules les matières premières naturelles et les matières premières transformées sont autorisées. 75 % des produits d’une marque doivent être conformes NaTrue pour qu’elle puisse être certifiée par cet organisme. Les marques certifiées par ce label se trouvent ici. Les produits sont contrôlés pas des organismes de certification indépendants, eux-mêmes soumis à un processus d’accréditation rigoureux par le partenaire de NaTrue, IOAS.

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Source weleda.fr

NaTrue impose des normes strictes aux producteurs de manière à ce que le consommateur puisse bénéficier d’une transparence totale quant à la composition des cosmétiques. Ses exigences sont élevées dans le domaine éthique et écologique.

Ce qu’il faut savoir :

– «  La composition 100% d’origine naturelle du produit » autorise toutefois le tensioactif chimique l’Ammonium Lauryl Sulfate, entre autres. Il s’agit de la même ambiguïté que pour Cosmébio et Ecocert entre « naturel » et « origine naturelle ».

– Le label NaTrue accepte 7 conservateurs de synthèse : l’Acide Benzoïque, l’Acide Sorbique, l’Acide Salicylique, l’Alcool Benzylique, l’Acide Déhydroacétique, l’Acide Propionique et l’Acide Formique.

– Les tests sur les animaux sont interdits sur les ingrédients ainsi que sur le produit fini.

– Les huiles estérifiées ne sont pas autorisées.

Ce label reste une certification très fiable mais il faut tout de même rester attentif aux listes INCI en raison des quelques sulfates autorisés en tant que « produit naturel » et du nombre le plus grand de conservateurs de synthèse autorisés (7 !). Les produits labellisés NaTrue sont disponibles en magasin bio et pharmacies.

  • Nature & Progrès :

Fédération internationale créée en 1964, regroupant consommateurs et professionnels, qui se définit comme une « mention » plutôt qu’un label. « La mention est délivrée à l’entreprise dont au minimum 70% des produits cosmétiques répondent aux critères techniques du référentiel. L’adhérent doit évoluer vers 100% Nature & Progrès, sur toute son activité, dans un délai de 5 ans (à partir de la date de son adhésion) », comme l’imposent les différents cahiers des charges. Les entreprises doivent également adhérer à la charte générale Nature & Progrès qui respecte le label AB en y ajoutant des contraintes écologiques, économiques et sociales supplémentaires – ce qui représente une forte limitation dans le choix des ingrédients. Son éthique s’appuie sur deux axes principaux : la garantie de trouver des produits sains et de qualité, mais également la garantie de contribuer à préserver et entretenir notre planète. Les produits certifiés par Nature & Progrès sont vérifiés par un organisme indépendant de certification Certipaq. La liste de ces marques se trouve ici.

Il s’agit du seul label où les ingrédients végétaux sont tous bio. Les autres ingrédients autorisés sont très clairement indiqués par le cahier des charges : par exemple seul les tensioactifs d’origine végétale, c’est-à-dire dérivés d’huiles végétales, et intégralement biodégradables sont autorisés notamment pour les savons liquides et shampoings, certaines matières minérales (argile) ou chimiques (borate, soude, ou encore dioxyde de zinc ou de titane).

Ce qu’il faut savoir :

– Sont autorisés 3 conservateurs de synthèse à hauteur de maximum 0,6% dans le produit fini : l’Acide benzoïque, l’Acide Déhydroacétique et l’Acide Sorbique.

– Comme pour le label BDIH, il n’y a pas de pourcentage obligatoire minimum sur les ingrédients biologiques.

– Avoir seulement recours à des procédés physiques ou chimiques simples rend l’utilisation des huiles estérifiées impossible.

– L’huile de palme ainsi que ses dérivés sont interdits.

Nature & Progrès apparaît comme le label le plus exigeant et le plus transparent sur le marché bio. Seuls Nature & Progrès et BDIH rendent leurs cahier des charges directement accessibles sur leurs sites internet officiels respectifs. Toutefois, Nature & Progrès reste en première position en raison de de sa charte et de ses cahiers des charges les plus strictes en matière de compositions et modes de production. Je vous conseille vraiment de les lire car ils sont très intéressants (vous découvrirez certainement l’existence de procédés que vous ne soupçonniez même pas en cosmétique !) mais surtout ils sont compréhensibles – eh oui pas de subterfuges pour essayer de nous piéger !

Même en achetant bio, impossible de faire aveuglement confiance aux produits. Le label bio ne rime pas obligatoirement avec gage de qualité mais bien un premier gage de qualité. Oui, les ingrédients utilisés et les modes de fabrications sont meilleurs que dans la cosmétique conventionnelle – heureusement ! – mais tous ne répondent pas aux mêmes exigences. Certains se contenteront de vous proposer du « moins nocif » quand d’autres vous proposeront du « healthy » avec des véritables vertus naturelles. Regardez, les éco-sapiens ont fait un classement entre les bons labels bio et les truands : on retrouve Nature & Progrès dans « Les Tops » et Ecocert, Cosmébio et BDIH dans « Les Bons ». Il faut donc TOUJOURS rester vigilant face à la liste INCI. C’est vrai que ce n’est pas toujours évident, en particulier lorsqu’on débute dans l’aventure du produit naturel. Si vous êtes dans ce cas ou si tout simplement vous ne voulez prendre aucun risque, je vous conseille de vous tourner vers les produits cosmétiques (et alimentaires !) portant la mention Nature & Progrès – vous pouvez lui vouer une totale confiance ! C’est mon chouchou des labels bio et je vous le démontrerai dans mon prochain article 😉